
Jeff Legrand, le Président de familiaR, Ludovic Monnier, l’éditeur et Jolan Thomas, l’artiste.
Est-ce que tu pourrais nous résumer l’histoire du Procès Des Affamés ?
Le Procès Des Affamés, c’est un western contemporain où on rencontre 3 personnages au bord du désespoir… Ces 3 hommes vont commettre un braquage qui va très mal tourner et pour lequel ils vont être jugés. Au cours du procès, on va découvrir les raisons qui les ont poussés à commettre l’irréparable et pourquoi ils risquent potentiellement la peine capitale.
Qu’est-ce qui t’as donné envie de te lancer dans le genre western ?
J’ai choisi le genre western parce que j’ai toujours été attiré par cet univers épique…C’est un genre très codifié et du coup, j’ai voulu m’en éloigner pour proposer quelque chose de différent.
L’autre raison qui m’a donné envie de faire une BD western c’est un voyage en Nouvelle-Zélande, c’est là-bas que j’ai écrit mon scénario. En fait, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les paysages de Nouvelle-Zélande peuvent aussi être assez arides, assez sableux. Là-bas, j’ai vu ce qu’on appelle des virevoltants, ce sont des boules d’herbes séchées poussées par le vent qu’on voit rouler dans les grandes plaines arides, une image qu’on retrouve à peu près dans tous les vieux westerns américains… Ça m’a directement inspiré pour écrire mon histoire.
Tu t’es inspiré de faits réels ou c’est une fiction ?
C’est une fiction mais qui s’inscrit dans un contexte historique, celui d’une période que j’apprécie particulièrement aux Etats Unis qui se situe entre 1850 et 1900. C’est une période où toute la société se transforme avec l’arrivée de la locomotive qui va rendre les déplacements plus rapides et qui va permettre de faire venir le monde moderne et industriel sur tout le territoire.
L’histoire que j’ai imaginée se déroule au Kansas. A cette époque la modernité est déjà installée à l’ouest et à l’est dans les villes mais pas au centre du pays et elle va frapper de plein fouet certaines personnes qui vont perdre leurs repères.
Tu es dessinateur mais c’est aussi toi qui a fait le scénario , c’est pas compliqué ?
En fait, j’ai toujours dessiné et je fais de la BD depuis que je suis au collège. J’ai au moins 300 pages de BD dans des cartons pour lesquels j’ai écrit les histoires donc pour moi dessiner et faire le scénario ça va ensemble depuis le début. Ensuite je suis assez protectionniste si on peut dire et donc je veux pouvoir dessiner exactement l’histoire que j’ai en tête.

Une illustration, à retrouver en carte postale dans les packs de précommande.

Des dessins originaux de Jolan Thomas
Comment qualifierais-tu ton style de dessin ?
Je dirais que mon style de dessin est très inspiré de la gravure et des lumières. Ce qui m’intéresse, c’est la composition, la lumière et les silhouettes. En fait, ma technique, c’est d’utiliser des pinceaux extrêmement abîmés et de l’encre de Chine. Je vais vraiment aller griffer la feuille pour donner cette texture assez organique et aussi pour que l’encre se dépose de manière aléatoire… un peu brute. Cette technique me permet de jouer avec la lumière et l’ombre et surtout ça donne un rendu proche de celui des gravures.
Quelles sont tes sources d’inspiration artistique ?
Graphiquement, mes artistes de cœur sont plutôt dans l’illustration. Ce sont pour la plupart des grands graveurs comme Gustave Doré ou Norman Lindsay. J’ai aussi été inspiré, comme beaucoup de dessinateurs, par le style de Cromwell avec ses Indiens et ses peintures… J’ai adoré la Colère de Fantomas de Julie Rocheleau, les œuvres d’Hermann, autant ses petits one-shots que sa longue série Jeremiah. Dans mon panthéon, je mettrais aussi Thorgal de Rosinski qui m’a beaucoup marqué…
D’ailleurs je crois que ton prénom à un lien avec Thorgal ?
Oui mon prénom vient de la BD Thorgal que mon père aimait beaucoup. Jolan, c’est le fils de Thorgal donc on peut dire que quelque part j’étais prédestiné à faire de la BD.